En Guadeloupe, la justice octroie des réductions de peine aux prisonniers qui remettent leurs armes artisanales confectionnées en prison. Une initiative destinée à juguler ce fléau, mais qui fait polémique.
C’est une faute avouée non seulement pardonnée, mais aussi récompensée. Cette semaine, les détenus du centre pénitentiaire de Baie-Mahault, en Guadeloupe, ont été invités à remettre les armes qu’ils possédaient illégalement. Moyennant quoi, « sous certaines conditions », ils pouvaient se voir attribuer « trente jours supplémentaires de réduction de peine »
L’initiative, préparée depuis début septembre par Xavier Bonhomme, le procureur de la République de Pointe-à-Pitre, a permis vendredi la collecte de 52 armes, rendues par 62 détenus de 41 cellules, selon le bilan établi par le parquet. L’ensemble a donné lieu à 62 remises de peine. « L’objectif, c’est d’endiguer cette prolifération des armes en prison, et la violence qui va avec », expliquait Xavier Bonhomme.
Dans la foulée du dépôt d’armes, les détenus collaboratifs devaient ainsi démontrer par ailleurs « des efforts sérieux de réadaptation sociale », avec « des engagements », selon une note diffusée au sein de l’établissement, dévoilée par l’AFP. Au final, le procureur de Pointe-à-Pitre s’est dit « satisfait » de cette opération jamais réalisée auparavant, qui s’est « très bien passée ».
Une invitation à fabriquer des armes, selon la CGT
S’il est un point sur lequel les syndicats de surveillants le rejoignent, c’est bien sur le fait que l’initiative est « du jamais-vu ». « C’est du n’importe quoi ! » fulmine la CGT-Pénitentiaire par le biais de son secrétaire régional, Eric Petilaire. Dès ce lundi matin, en protestation, il est prévu que l’accès à l’établissement soit bloqué par les personnels, selon ce que nous annonçait dimanche soir le syndicat Ufap-Unsa. Ce sera également le cas en solidarité du centre pénitentiaire de Ducos, en Martinique.
« Ça n’a aucun sens », renchérissait la CGT, considérant qu’un tel échange revenait à « inviter les détenus à fabriquer des armes ». « C’est trop facile, soupire, sous couvert de l’anonymat, un surveillant exerçant en métropole. C’est surtout un aveu qu’il n’y a pas assez de moyens humains. » Pour l’intéressé, le meilleur moyen de lutter contre la présence d’armes en détention reste « les fouilles générales et surtout journalières. Mais dans les faits, comme on n’a pas le temps de les faire, elles sont bien souvent notées comme effectuées, alors que ce n’est pas le cas »…